Le jour de chimio

 Ma chimio s’appelle ABVD, il y a autant de lettres que de médicaments. Ils sont aussi appelés  "drogues", sûrement pour leur haute toxicité pour le corps. Un médicament peut affecter les poumons, un autre le coeur, un autre le foie...En fait, on a autant de chance de guérir que d'avoir des petits maux chroniques. Autrement dit, c'est vraiment pas une partie de plaisir. 

Arrivée aux services d'hémato, ce que je vois m'horrifie. Des gens malades, qui promènent leur perche à perfusion dehors, de gens au teint jaune et des cernes noirs... J'ai l'impression de voir les mêmes couleurs que sur un tableau de genre cubiste. Je m'arrête devant ces gens , je les regarde et déjà je fais un pas en arrière, j'ai peur , je veux m'en aller.
Ma mére me prend par l'épaule : 
                       " Viens, ne regarde pas, ça va aller "  
Je m'installe plus loin dans ces sièges réservés aux patients, ils ont l'air confortables. Ma mère elle s'assoit sur une chaise délavée où surement beaucoup d’accompagnants se sont cassé le dos dessus.   
Ensuite on me perfuse : nettoyage à la Bétadine, rinçage de la veine. Je suis confiante c'est ma première chimio , et je fonce un peu la tête baissée sans trop savoir ce qu'il va se passer.  
Dés que la première poche passe, c'est un festival d'emmerdes : allergie, nausées, sensation de chaud de froid, arrête de la chimio durant plusieurs heures... 
Je peux enfin sortir après plusieurs heures d’agacement. Ce siège que je trouvais confortable au début, devient tous simplement ma chaise de torture dans lequel je dois rester assise sagement et prendre mon mal en patience.  
Le meilleur moment de la journée c'est quand ils enlèvent la perfusion et que je monte dans la voiture. Je peux enfin dormir, c'est fini. Une de moins à faire, le compte à rebours commence. 

Le probléme avec les chimio et quand on est optimiste, c'est qu'on pense que la prochaine séance, ne sera jamais pire que la précédente. Evidemment, c'était me tromper. J'ai passé les séances suivante à vomir tous ce que je n'avais pas dans le ventre. Ce qui était en cause ? les odeurs : Bétadine, nettoyant, lave main, les plateaux repas... Je pense que mon cerveau va oublier volontairement ces moments. Je refuse de dormir ici, je résiste aux médicaments qu'ils me donnent pour me calmer rien ne fait effet.  

Mais je sais que le lendemain je serai chez moi, dans mon jour "post chimio" mon jour préféré dans le traitement. 

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