Sujet délicat ?

   Et si on parlait d'un sujet délicat ? un sujet qui nous touche tous, un passage pratiquement obligé dans un traitement anti-cancéreux, un effet secondaire redouté. 
J'ai nommé : la chute des cheveux. 

    J'ai décidé de parler de tout sur mon blog. De ne pas avoir de tabou. 
Dans mon cas, il est claire, que la perte de cheveux a été un passage difficile. Je suis passée par plusieurs phases : du rejet à l'acceptation. C'est pas chose aisée de s'accepter malade. 
Alors je vous partage mon expérience, le plus sincèrement et réaliste possible.  

    Ça commence au moment du diagnostique. Dans la vague de mots scientifiques et compliqués , le médecin m'a évidement averti que la perte des cheveux était inévitable. 
Je pense que j'ai retenu que ça, ce jour là. Les mots "lymphome", " curable" , " parenthèses"  sont complètement passés à la trappe. 
Evidemment, j'ai beaucoup pleuré. J'ai brossé mes mèches de cheveux une par une en leur disant "Adieu". 
   Puis le déni est vite arrivé derrière. J'ai complètement arrêté de me soucier de mes cheveux. Jusqu'à ne plus les laver. Lorsqu'on me faisait une réflexion, je répondais machinalement : " ça sert à quoi ? ils vont tomber de toutes façons."  
C'est ma mère qui m'a fait un shampoing, une semaine après. 
C'est vrai que les médecins ont été assez déconcerté fasse à ma réaction. Et m'ont clairement dit que, j'étais à l'opposé des autres patient(e)s. 

   Le temps est venu , de la première chimio : je regardais toutes les poches avec haine. Elles se sont bien vengées se jour là : allergies, panique, fatigue... bref, presque dix heures de traitement. Mais peu de jours après, j'ai dû me résoudre à me faire couper les cheveux. Non pas parce que je les perdais en masse, mais pour que la chute soit beaucoup moins brutale. Dans ma tête, réfléchir comme ça, a été une vraie horreur. Et en plus je me sentais superficielle. 
Le jour où j'ai troqué mes longueurs contre une coupe "garçonne" ( très jolie en plus) , je faisais bien attention à ne pas croiser mon propre regard dans le miroir, et j'ai bien dû pleurer pendant trois heures. 
Mais le pire, c'était les gens autours de moi : famille et amies, qui étaient aussi impuissants que moi devant mon reflet. Je pense que se jour là , est un des pires de ma vie.  


                                 ( la coupe garçonne, et un morceau de Gérard sur ma clavicule gauche.) 

Mes cheveux ont commencé à tomber en masse, quelques heures après ma première cure. L'alopécie, hantait mes nuits. Je ne dormais pratiquement pas, et je me sentais obligée de regarder sur mon oreiller ce que je perdais. Même dans mon sommeil je ne bougeais pas, pour en perdre le moins possible. 
Mais ce qui devait arriver , arriva. Sous la douche, le lendemain de ma première cure, c'est bien une énorme masse de cheveux que j'ai perdu. Je suis sortie aussi vite que possible, en laissant mes cheveux dans le fond de la douche, incapable de ramasser ou même de regarder. J'ai emballé le tout dans un foulard et j'ai laissé la journée passer.  Comme ci, de rien n'était. 

Puis, j'ai enlevé ce fameux foulard, en fin de journée. Ce qui restait dedans, était impressionnant. Sur un coup de tête, j'ai demandé ( voir ordonné) , à ce qu'on me passe un coup de tondeuse sur la tête. Je pense que c'est l'initiative la plus courageuse ( et pourtant je n'aime pas ce mot) que j'ai pu prendre dans toute ma vie. 
Pour être honnête, mes cheveux étaient déjà mort : déjà part les multiples colorations que j'ai faites, mais aussi par ce que Gérard avait déjà bien mangé avant. 
Mais le peu de mèches que j'ai vu tomber de mon crâne, était "brunis". ( pourtant je suis blonde voir rousse). 

   Se jour là, personne ne s'est démontés. J'ai mis un foulard, et on est parti mangés au restaurant. C'était bizarre, d'un coup il y avait marqué "cancéreuse" sur mon front. Tous le monde me regardais mais le pire, c'était le regard des enfants curieux. 
 La nuit, j'ai fais quelque chose qui ne m’étais pas arrivée depuis longtemps : j'ai dormis, paisiblement, sans médicament. Je n'étais plus parasitée par mes cheveux tombant. Et c'était beau.  

La suite de l'histoire , c'est que, je n'étais pas pour autant en paix avec mon image. C'était brutale comme expérience. 
Je me suis cachée sous un bonnet noir. Un truc tout bête acheté quelques euros sur Amazon. 
J'avais peur de gêner, de mettre mal  à l'aise les gens avec mon crâne à nu. Je n'étais ni bien dans ma peau , ni dans ma tête. j'avais l'impression que les regards des gens étaient  sur moi. 
   
    Et, j'ai rencontré quelqu'un. Une personne admirable et formidable ( elle se reconnaîtra ) . Malade aussi. Elle, elle s'assumait, et forcément j'étais impressionnée ! 
D'échange en échange, j'ai fini par me dire que, moi aussi j'en été capable. Grâce à elle, j'ai enlevé mon bonnet. Et je suis sortie, comme ça, sans rien. 
J'ai recommencé à me maquiller et au final, je me suis même trouvée jolie. 
Les regards ont commencé à changer, partout où j'allais. Des sourires de reconnaissances, aux regards respectueux. 
Bien sûr il y avait toujours ces personnes qui me regardaient de travers où avec pitié. Cette fois, je me suis amusée à les gêner. Je me suis parfois comportée comme une vraie peste. Mais franchement, c'était marrant. 

  Au final, mon crâne rasé c'est une histoire compliquée. ( qui finie bien). Bizarrement, ça m'a aidé à être bien, dans mon corps. Evidemment il y a eu des jours où j'en avais marre de ne pas pouvoir passer ma main dans des cheveux. 
A bien y réfléchir, c'était
une belle arme, mais une jolie arme.  



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